Inspiré du récit d’un voyageur Breton
Se plaindre des voyages en avion, pourquoi ne pas rêver à des solutions…
Je prends des vols longs courriers, depuis de nombreuses années. J’évite les aéroports parisiens dès que je le peux, c’est trop long, fatiguant, sécurité, police, militaires à tous les coins, racket pour le parking, le transport, les boissons, les sandwichs… La mauvaise humeur, et le stress sont partout, on est dans une usine ou l’on parque du bétail. Je redoute d’avoir à utiliser Roissy, ou Orly.
De nombreux aéroports de province sont tous le contraire, un petit exemple, qui va paraitre surréaliste, à tous ceux qui finissent à Orly, mais je vous assure que c’est du vécu. J’ai juste changé quelques détails pour faire court.
Il est 9h du matin, je fini mes préparatifs pour mon départ vers la Martinique, j’ai mon avion à 10h, j’ai le temps. Un quart d’heure de route et me voila sur le parking de l’aéroport de Lannion Cotes d’Armor , une petite place m’attends à 20 mètres de la porte d’entrée. Je gare bien la voiture, elle va rester là un mois, le parking est gratuit. Pas besoin de chariot pour ma valise, pour les quelques 50 mètre qui me sépare du tapis d’enregistrement. C’est la foule, au moins dix personnes avant moi.
C’est mon tour, la dame qui enregistre mes bagage, me reconnaît, c’est elle qui m’a vendu mon billet la semaine dernière. Elle y va de quelques commentaires sur la Martinique, et me demande de lui ramener, un peu de soleil, tout en s’activant pour me sortir ma carte d’enregistrement. Gros problème, ma valise est trop lourde. Comme mon bagage à main est presque vide, je lui propose d’y transférer quelques dossiers, mais finalement elle me dit que c’est bon, et la valise part sur le tapis roulant.
Le contrôle de police est efficace, mais rapide, c’est la même équipe qui contrôle les bagages qui vont en soute, et les passagers. Et en cas de problème, très facile de discuter et de trouver une solution, dans la bonne humeur en plus. Dix minutes d’attente, embarquement et c’est parti pour un vol sans histoire direction Paris.
A Orly, il me faut attendre trois heures la correspondance. Je fais un tour pour voir si je trouve un truc sympa à manger, cafete et bouffe sous plastique, heureusement j’ai pris un casse dalle Breton à Lannion, j’achète juste une boisson, puisque le cidre est interdit en cabine. Je me dirige vers l’enregistrement de mon vol pour voir. Certaine personnes font la queue depuis deux heures, et ils n’ont pas fini. Une bonne parti des passagers dans la file d’attente est parti de Paris ou sa banlieue, tôt ce matin, et depuis, ils traînent leurs valises, de taxis en métro. Pour les plus chanceux, c’est deux heures d’embouteillage dans la voiture d’un copain, plus une partie de cache-cache pour pouvoir se garer pas trop loin sans être verbalisé. Comme j’ai déjà ma carte d’embarquement depuis Lannion, je me dirige vers mon avion et laisse les autres passagers faire la queue dans un ambiance électrique, enfant en pleurs, énervements, personnel sur les dents, je suis plutôt content d’arriver de province.
Vingt minutes pour présenter son passeport, à un fonctionnaire qui aimerait bien être ailleurs, et je vais pouvoir me prendre une bière, juste avant de monter de monter dans la bétaillère, direction le soleil.
Je vous passe l’arrivée en Martinique, avec toutes les spécificités locales, la bonne humeur omniprésente compensant très largement une efficacité pas toujours « au top », une. Je passe directement au retour.
Comme d’habitude, l’avion a une demi-heure de retard, une autre à attendre un passager, dans l’avion surchauffé, et c’est parti pour 8 heures de vol, même un peu moins, le pilote veux rattraper une partie du retard en surfant sur les jet-streams, quitte à nous bousculer un peu. Le décalage horaire aidant, je commence à m’endormir un peu avant la descente sur Orly, fatigue. Applaudissement des passagers quand l’avion touche le sol, mais un peu mous, je ne suis pas le seul à qui il manque une nuit de sommeil. Comment fait le personnel de cabine pour être toujours aussi pro, aimable et serviable ? mystère.
Autrefois, il m’arrivait de « descendre » de l’avion à Paris, je me souviens des heures passées à attendre les bagages, des bousculades, taxis, métro, embouteillages, contraventions… et tous ça avec une nuit de sommeil en moins, galère. Heureusement, je vais sur Lannion. Une petite demi-heure de queue au contrôle de police, et même pas un coin ou poser la tête pour dormir !!! Je pensais prendre un petit café, mais avec le retard de l’avion et les « douaneries » matinales, j’ai juste le temps d’embarquer. Ma valise est déjà en soute. Je commence par en piquer un somme contre le hublot, mais les cotes bretonnes me réveillent. J’aperçois des voiles sur la mer, sans doute une régate. Le ciel se couvre en arrivant à destination, le pilote passe sous la couche, les dernières minutes de vol se font en profitant « pleinement » du paysage, avec quelques zig-zag , certainement pour contourner les gros nuages. Atterrissage sans problèmes, pas d’attente, l’aéroport n’est pas surchargé.
L’avion se parque à 30 mètres de la porte de l’aérogare, après qu’un monsieur bien habillé avec un gilet orange, l’ai guidé. Le même monsieur que nous appellerons George, place les plots et les barrières de sécurité pour guider les passagers, pendant que le pompier de service pousse un gros charriot à bagage. En parcourant les 30 mètre pour aller à l’aérogare, je vois George et le pompier décharger ma valise avec toutes les autres. Je ne suis pas arrivé devant le tapis roulant, qu’il se met en marche, et je n’ai pas à attendre bien longtemps ma valise. Il me reste maintenant une cinquantaine de mètre pour aller jusqu’à ma voiture, mais en route, je tombe sur l’hôtesse qui m’a vendu mon billet et qui m’a enregistrer à l’aller, et je sors de mon presque sommeil pour me rappeler que je lui ai ramené un bricole de Martinique, une bouteille de rhum, pour toute l’équipe si sympathique. Tout en discutant, je vois George passer, donner des instructions à tout le monde, porter du matériel pour l’embarquement du prochain avion, et finalement repasser en poussant une personne âgée dans un fauteuil roulant. J’arrive enfin à la voiture, un dernier effort pour mettre la valise dans le coffre, je vérifie, les pneus et les niveaux, après un mois, on ne sait jamais.
En roulant vers la maison, je pense à tous ces gens qui étaient au dessus de l’Atlantique avec moi, et qui sont certainement encore englués dans les embouteillages parisiens, alors que dans un quart d’heure je vais échanger crêpes et cidre contre citron et rhum avec les voisins.
De cette aventure mainte fois répétée, il me vient de nombreuses questions. Dans l’industrie quand on fait une grosse usine, c’est pour profiter de l’effet d’échelle, réduire les coûts, augmenter la qualité …
Pour les aéroports, c’est le contraire, plus ils sont gros, plus les taxes sont élevées, pour un service toujours moindre. A Lannion, et c’est valable dans de nombreux aéroports de province, un équipe est au service des voyageurs, à Orly des gardiens essayent de canaliser du bétail. A Paris, des kilomètres de marche, des heures de queue, rarement un sourire, mais des pistolets mitrailleurs. A Lannion tout se fait dans un rayon de 200m dans la bonne humeur et la confiance. Que dire des problèmes, dans une petite structure il est très facile de les voir venir et de les traiter à échelle humaine. Dans une grosse structure c’est aussi possible, mais il faut y mettre des moyens humains, et des méthodes pas toujours compatibles avec celles de pseudo-sécurité à la mode.
La majorité des passagers de l’avion pour la Martinique avait fait plus de 100km pour venir faire la queue. Alors j’imagine des tas de petits aéroports, pas très chers, mais très accueillants, offrants pleins de petits services, et allons-y avec même des commerces, restaurants … qui fonctionnent même indépendamment de l’aéroport. Là-dessus, imaginons l’accès des gros aéroports hubs, interdit aux passagers autrement que par avion. Pour cela il faudrait supposer que tout le monde soit prêt à accepter un petit aéroport pas très gênant, pas loin de chez lui. Je sais c’est un rêve, mais imaginons. Moins de temps perdu, moins de voiture ou de transport en commun, moins de mesures de sécurité inefficaces et plus de vrai sécurité, et moins de problèmes. Service de proximité, et même service tout court si l’on compare avec la situation qui s’est installée. Et quand on fait le compte, voyage moins cher. Vous aussi vous imaginez… avion plus facile à prendre, plus sympa, coûts réduits, donc plus de trafic, de vols, de destinations…
Je ne suis pas le seul à rêver. Il y a quelques années un compagnie proposait de relier de nombreuses villes de province en passant par un hub situé lui aussi en province, c’était un début, mais ils n’existent plus. La réglementation française avait décidé de ne favoriser que quelques gros. Depuis Ryanair à repris le concept en moins pratique pour les Français.
A tous ceux qui se plaignent des problèmes d’avion, d’aéroport, je leur dis simplement, le prochain long courrier que vous prenez, partez de Lannion, ou de Perpignan, Strasbourg… Vous verrez déjà que plus détendu, les petits problèmes ont moins d’importance. Et si en plus vous avez un agent sympa de la même ville que vous qui vous écoute, vous connaît, vous explique et vous rappelle, vous prendrez plaisir à voire votre statut passer de bétail, à client.